Que se passe-t-il en cas de sécheresse, cas de l’année 2011 ?

Dernières modifications : 23-Fév-2013

L’année 2011 a été particulièrement mauvaise car les pluies sont arrivées très tard (mi-juin) et se sont arrêtées très tôt (septembre). Le rendement en a été profondément affecté puisqu’il n’a été que de 226 kg/ha dans les champs écoles, mais il est quand même de 32% supérieur à celui des parcelles sans apport d’engrais des mêmes agriculteurs. Dans ces conditions, la situation financière des agriculteurs est-elle tenable, c’est-à-dire, peuvent-ils rembourser? Deux éléments compensateurs internes sont à prendre en compte : 1) les prix à la récolte ont doublé par rapport à l’année précédente à la même époque, 2) le grain peut être vendu pour faire des semences, ce qui permet de doubler le prix de vente et ainsi de rembourser la grande majorité des prêts. Pour les trois agriculteurs qui ne le pouvaient pas car ils n’avaient rien récolté du tout, l’association avait au départ prévu de se porter caution, mais une meilleure solution a été trouvée par l’organisation paysanne (OP) créée à l’instigation de Lacho (notre maître d’œuvre  du R.A.I.L  sur place) et le nouveau maire, à l’issue de multiples concertations. La solution a consisté à ce que, pour l’année 2012, l’organisation paysanne offre par solidarité les semences et l’engrais aux trois malchanceux et à ce que la banque prolonge son prêt d’un an, les agios étant pris en charge par le système de cautionnement.

Cette étape d’organisation de la solidarité entre les paysans est importante car elle démontre que l’on peut établir un système pérenne, c’est-à-dire qui fonctionne sans subventions venant de France. Un autre élément de l’équilibre financier en cas de conditions agricoles défavorables est que le coût des engrais est bien moindre car il est inutile de faire un deuxième ou un troisième apport en absence d’eau. Il n’en reste pas moins que ce coût est une charge fixe importante : c’est pourquoi nous avons entamé dans un village en 2012 une expérience de compostage qui paraît positive. Il est donc prévu de généraliser au maximum cette expérience qui permettra d’augmenter la quantité de matière organique dans les sols, de réduire ainsi la consommation d’engrais et de favoriser la rétention d’eau surtout en conditions difficiles.

Premiers bacs de compostage à Koukabokoye

Il est toutefois évident que dans de telles situations de calamités naturelles, la profession agricole ne devrait pas avoir à faire face seule, sans un soutien de l’État tel qu’il existe dans nos pays développés. De ce point de vue, le nouveau gouvernement a commencé à prendre en charge les problèmes en prévoyant deux types d’actions : une politique de modération des prix avec possibilité de distributions gratuites dans les cas extrêmes, et la mise en place de subventions pour la récupération des terres afin de procurer une source de revenus supplémentaires. Ce dernier cas s’appliquera très bien à Doutchi dans le cadre de la réalisation de diguettes. L’ensemble des mesures gouvernementales de 2012 a permis d’éviter une grande crise alimentaire du type de celle de 2005 malgré le fait que la pluviosité était aussi faible.

Pour conclure, il apparaît que les mesures entreprises sont très efficaces pour augmenter les rendements et les revenus des agriculteurs.  Les conditions sont de pouvoir s’appuyer sur un circuit financier permettant de réaliser les investissements nécessaires et sur une organisation des paysans soutenue par des conseillers et formateurs agricoles. Les producteurs sont ainsi capables de prendre en main les décisions qui les concernent.

 

Voir aussi :

la pomme de terre, mieux qu’une solution de secours

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